Messages les plus consultés

3 janvier 2013

Le manager bienveillant


" Le manager bienveillant n'est ni un "mollasson", ni un cynique manipulateur, ni même un psy. Il fait preuve de respect et d'humanité au quotidien afin de mettre de l'huile dans les rouages de l'équipe et de la faire avancer. C'est un pragmatique, focalisé autant sur les objectifs que sur le bien être de tous, ce qui n'empêche pas l'autorité. Un équilibre subtil à trouver mais efficace. Illustration en sept mots clés.

1. Ego. A mettre en sourdine. Seuls doivent compter l'objectif et l'intérêt supérieur du collectif, équipe ou entreprise. Exemples : boucler un dossier urgent, devenir leader sur un marché, s'accomplir dans la réalisation d'une idée. La bienveillance impose de dépasser ses préjugés mais aussi d'écarter la volonté plus ou moins consciente d'avoir toujours raison, en tout et sur tout. Au point d'en être directif ou de faire "à la place de...".

A savoir : la bonne intention ne suffit pas à comprendre l'autre si on reste centré sur soi et ses propres critères.

2. Empathie. Ou " se mettre dans les chaussures de l'autre ". Il s'agit de ressentir ce qu'éprouve un salarié en difficulté ou en conflit, d'entrer en résonance avec ses émotions, de saisir son point de vue. Abordez-le avec tact : " Pourquoi bloques-tu sur le projet Z ? J'ai l'impression que tu es tendu... Est-ce cela ? Y a-t-il autre chose ? ". Laissez l'autre vider son sac, vous partager ce temps riche de sens avec lui. Puis concluez en douceur. " OK, je t'ai écouté, entendu et compris ! ". Prenez 10 minutes pour cela, lui s'en souviendra. Par la suite, le travail doit reprendre mais tenez compte de ses propos.

A savoir : Ne pas confondre l'empathie, neutre, distancée avec la sympathie qui console, compatit et noie le manager dans l'affectif.

3. Coopération. Ou la quête du compromis, même dans un climat d'ardente compétition. Même bienveillant, le manager ne fait pas de concession, ni à ses pairs, ni à ses collaborateurs. Il ne cède pas sur ce qui est le coeur de son travail ou de son organisation. En revanche, il a l'intelligence de se dire : " Cette tâche est superflue ou non vitale pour moi, ne puis-je pas la déléguer à Maxime, qui s'y intéresse ". Ou à l'inverse " Ne puis-je réajuster la charge de travail pour faciliter la vie de Bruno ? "

A savoir : Coopérer ne veut pas dire s'aplatir mais chercher ensemble une solution positive pour chacun.

4. Compliment. Sur la manière de faire ou sur les qualités intrinsèques d'un collaborateur. Soyez concis, daté, basé sur des faits et enthousiaste. " Lundi, tu as réussi à dénouer le problème avec le fournisseur, on sera livré à temps. Chapeau ! ". Féliciter est une façon de montrer à l'autre que l'on s'intéresse à lui. On reconnait ce qu'il fait de bien. Je conseille de solenniser ce moment lors d'un aparté dans votre bureau et d'éviter un bravo désinvolte aux détours d'un couloir ou dans l'ascenseur.

A savoir : L'éloge qui booste la motivation salue des performances inédites.

5. Regard positif. Sur la tête de turc. Toute équipe compte ou ou plusieurs collaborateurs difficiles. La bienveillance consiste à prendre du recul envers celui-ci ou celui-là et à renforcer les "bribes" d'images positives que vous lui concédez. Exercez-vous à lui trouver deux points forts sur trois registres différents. 1/ Ses traits de personnalité. 2/ Ce qu'il réussit régulièrement. 3/ Ses qualités relationnelles. Donc six points forts. Vous retournerez ainsi 10% à 20% de votre aversion en positif.

A savoir : En élargissant sa vision, on peut modifier ses perceptions de l'autre. 

6. Sourire. La clé d'accès, pour l'équipe, au plaisir dans le travail. Tel le "bonjour", le sourire du chef ou les sourcils détendus est un signe d'ouverture, de disponibilité. Il déclenche chez l'autre le désir de bien faire. Et facilite le dialogue. En outre, il peut s'accompagner de gestes prévenants : avoir un mot affable sur un souci particulier, proposer un café, s'assurer que l'autre n'a pas le soleil dans les yeux etc.

A savoir : La cordialité doit être sincère pour être communicative.

7. Droit à l'erreur. Indispensable à avoir en tête. Car la bienveillance vaut aussi pour soi-même. Inutile de vous mettre la pression en voulant être parfait. Parfois, un mot déplacé, un coup de colère peut vous échapper. Evitez de culpabiliser pour cela. Vous n'avez pas envie d'être aimable à cet instant, c'est tout. Avouez ces minis dérapages devant l'équipe. " Je suis désolé, ma parole à été trop virulente! " ou avertissez " J'ai un problème, je ne suis guère disponible aujourd'hui ". Vous n'en serez que plus humain et ça validera tout le reste.

A savoir : Comme une règle grammaticale, la gentillesse peut souffrir des exceptions.

(1) Xavier Cornette de Saint Cyrest l'auteur de : " Pratiquer la bienveillance, par l'écoute active et l'empathie " et " Petit traité de sagesse bouddhiste à l'égard des occidentaux ", chez Jouvence Editions