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18 août 2014

Quels salariés souffrent le plus au travail ?



CADRES SOUS PRESSION, ENSEIGNANTS MALMENÉS, EMPLOYÉS EN MANQUE DE RECONNAISSANCE... UNE ÉTUDE DU MINISTÈRE DU TRAVAIL DRESSE LE PORTRAIT DES ACTIFS LES PLUS EXPOSÉS À LA SOUFFRANCE PSYCHOLOGIQUE DANS LEUR VIE PROFESSIONNELLE.

Un travail trop exigeant ou, au contraire, ennuyeux, des conflits de valeurs ou un manque d'autonomie et de reconnaissance... Les raisons de souffrir au travail ne manquent pas. Mais tous les salariés ne sont pas égaux devant les risques "psycho-sociaux": certains s'y exposent plus que d'autres, suivant le contenu de leurs missions, la place qu'ils accordent à leur vie professionnelle ou le soutien de leur hiérarchie.

Une nouvelle étude de la Dares, le département des statistiques du Ministère du Travail, a passé leurs différents profils au crible : elle dresse le portrait des actifs les plus menacés, comme de ceux qui se préservent le mieux.


Les plus à risque : 
sous pression et peu reconnus

Les premiers salariés à souffrir au travail sont ceux qui subissent un manque de reconnaissance. Leurs perspectives d'évolution ne les satisfont pas. Ils jugent qu'ils méritent plus de respect que ne leur montrent leurs supérieurs. Les femmes quadragénaires sont les plus représentées dans ce groupe, comme les professions intermédiaires de l'enseignement et de la santé -professeurs des écoles, infirmiers, etc.

On trouve ensuite les actifs "sous pression". La plupart font partis des cadres et professions intermédiaires administratives et commerciales. Profil type: un homme trentenaire, employé du privé. Non seulement leur travail est très exigeant -92% disent "penser à trop de choses à la fois" et 86% doivent se dépêcher-, mais ils sont soumis à des conflits d'éthique, la nécessité de cacher leurs émotions et une insécurité économique. Chez eux, le travail "occupe beaucoup de place et empiète fréquemment sur la sphère privée et familiale", note l'étude.

Viennent enfin les salariés dits en "surexposition" : leur métier combine la plupart des risques psycho-sociaux. Très prenant mais souvent ennuyeux, leur travail ne leur apprend rien de nouveau. Les salariés témoignent d'un manque de reconnaissance, mais aussi de mauvaises relations avec leurs collègues. "Y sont particulièrement représentés les jeunes, les ouvriers non qualifiés ou les employés dans les secteurs du commerce, de la réparation, du transport, de la poste, des télécommunications et de l'industrie", observe la Dares. Souvent en contrats précaires, ils occupent aussi des métiers physiquement pénibles.

Les moins menacés : 
soutenus ou détachés

A l'autre bout de l'échelle du stress, des salariés souffrent moins, voire pas du tout. Certains vivent des situations émotionnellement très fortes, mais trouvent du soutien pour les surmonter. L'un des groupes analysés par l'étude travaille par exemple en contact avec un public en grande détresse : 96% sont amenés à devoir calmer des gens et 63% ont été victimes d'une agression verbale de la part du public (clients, usagers, patients, élèves, etc.).

Mais ils sont très peu à juger que leur supérieur ne prête pas attention à ce qu'ils disent, et ils s'estiment bien écoutés par les représentants du personnel. Ces salariés sont à 58% des femmes. Ils sont souvent employés ou cadres de la fonction publique, issus des professions intermédiaires de la santé, du travail social, de l'éducation, ainsi que des professions intellectuelles.

D'autres témoignent d'un manque de reconnaissance, mais ne s'en plaignent pas : les salariés "détachés" de leur travail. "Cette mise à distance semble rendue possible par la relative faiblesse des risques relatifs aux exigences de travail auxquelles ils sont soumis", estime la Dares, qui constate que seuls 15% travaillent sous pression. Ils ne souffrent pas non plus d'exigences émotionnelles fortes et n'ont pas de mal à concilier travail et vie de famille. Ils jugent le travail important, mais pas autant que d'autres dimensions de leur vie. Ces salariés sont plutôt des hommes, employés notamment dans l'industrie manufacturière.

Les 28% de salariés qui ne déclarent pas ou peu d'exposition à des facteurs de risque ferment le tableau. Ces chanceux subissent une faible pression, sont rarement soumis à une quantité excessive de travail et s'estiment reconnus. La majorité sont des hommes et une grande partie a plus de 50 ans. "Les ouvriers qualifiés et les professions de services directs aux particuliers se trouvent plus fréquemment dans ces situations, ainsi que les salariés de la construction, du bâtiment, des travaux publics et des services collectifs et personnels", note la Dares. Etonnamment, "ils sont un peu plus souvent en contrats précaires que l'ensemble de la population".

Source L’EXPRESS 2014